Votre enfant veut-il abandonner? Cultivez un état d’esprit ouvert à l’effort
Lorsque ma cadette avait 10 ans, elle a décidé d’apprendre à jouer du piano. Comme chacun de mes trois enfants, elle a commencé toute seule chez nous avec quelques conseils de ma part.
Un jour, après avoir observé sa grande sœur qui jouait et chantait une chanson de Disney qu’elles adoraient toutes les deux, elle s’est mise au piano après que sa sœur soit partie avec l’une de ses amies. Une note à la fois, elle a réussi à passer à travers la partition.
Ça a été laborieux pour elle et douloureux pour moi. Je lui avais déjà montré comment placer ses mains sur les touches et elle avait appris à lire la musique en jouant de la flûte à l’école. Mais elle était loin de jouer avec une quelconque facilité.
Cependant, après de nombreuses répétitions, elle a, petit à petit, réussi à plaquer les accords de la main gauche tout en jouant la mélodie de la main droite d’une manière hésitante. Une demi-heure après, elle est venue me voir.
« Papa, je ne pense pas être bonne au piano. »
Je savais que ce que j’allais lui dire serait crucial. Il n’y avait qu’une réponse possible.
« Tu peux être bonne au piano. C’est juste que cela prend du temps. Tu dois continuer à pratiquer. Je sais que ça parait difficile, mais ça l’est pour tout le monde au début. Tu y arriveras si tu persévères. Si tu aimes le piano, continue à travailler et sois patiente. Tu y arriveras. Tu devras peut-être attendre d’avoir 12 ans, mais tu y arriveras. »
D’accord, j’ai un peu menti en lui disant 12 ans. Je savais que cela prendrait beaucoup plus de temps pour atteindre le niveau désiré. Mais pour une petite fille de 10 ans, deux ans c’est long. Cela n’aurait servi à rien de lui dire qu’elle en aurait encore pour quatre ou cinq ans d’efforts soutenus.
Après une pause de réflexion, elle a fait un petit signe de la tête et est retournée jouer.
Quel message lui ai-je envoyé? Il faut travailler fort, mais quand on veut, on peut. Ce n’est « inné » pour personne. Et voilà comment on commence à faire germer l’idée d’esprit ouvert à l’effort.
Le concept « d’esprit ouvert à l’effort » a été défini par la chercheuse Carol Dweck, de l’Université de Stanford. On parle à présent beaucoup de son travail dans les cercles de parents, et le Huffington Post a récemment publié un très bon article (version anglaise) qui résume les conclusions de ses recherches.
En bref, un état d’esprit ouvert à l’effort est l’antithèse d’avoir un « esprit fermé à l’effort ». Les personnes qui ont adopté l’état d’esprit fermé à l’effort croient que les capacités et les talents sont innés. On naîtrait avec certains points forts et points faibles, qui resteraient identiques, quoi que l’on fasse.
À quelques rares exceptions près, c’est inexact.
Prenons un exemple. Lorsque nous observons un enfant de 10 ans qui joue mieux au soccer que ses coéquipiers, nous pourrions être tentés de dire « Wow! C’est un joueur de soccer doué! » Souvent, nous ne réalisons pas — ou omettons de considérer qu’il a pratiqué ses habiletés avec ses frères et sœurs pendant des centaines d’heures alors que ses coéquipiers « moins doués » ont à peine touché un ballon en dehors des heures d’entraînement.
Dans ces circonstances, nous concluons fréquemment qu’un enfant est doué, mais pas l’autre. Nous faisons souvent abstraction du temps investi à apprendre et à se développer.
Et comme Carol Dweck l’a démontré, l’attitude influence énormément sur le temps que passe un enfant à apprendre.
En résumé, les enfants apprennent mieux et persévèrent plus lorsqu’ils sont persuadés qu’ils doivent travailler fort pour atteindre leurs buts. Inversement, s’ils croient qu’ils sont nés bons ou pas bons en maths, ils auront tendance à abandonner rapidement, dès qu’ils rencontreront une difficulté et ils n’iront certainement pas au bout de leur plein potentiel d’apprentissage.
Cela signifie-t-il que n’importe quel enfant peut devenir Einstein, Mozart, ou Eugénie Bouchard en travaillant suffisamment? Non, absolument pas. Mais cela implique qu’il sera peu susceptible d’atteindre sa pleine capacité.
Comment les parents peuvent-ils inspirer leurs enfants à atteindre un état d’esprit ouvert à l’effort?
Comme le démontrent les recherches de Dweck, c’est relativement simple. Nous n’avons qu’à les encourager à redoubler d’efforts et à persévérer, et nous faisons cela en les complimentant sur leurs progrès et leurs réussites relativement à leurs efforts et leur travail acharné. Après avoir obtenu une bonne note en maths, au lieu de leur dire « Tu es si intelligent », nous devons les encourager en disant « Tu as dû travailler fort pour obtenir cette note en maths! »
Plus généralement, nous devrions toujours renforcer le message selon lequel on n’a rien sans rien. Rien n’arrive du jour au lendemain.
Si nous transmettons ces messages à nos enfants, nous avons de bonnes chances de les aider à développer un état d’esprit ouvert à l’effort qui renforcera profondément leur ouverture d’esprit et de développement à long terme dans n’importe quel domaine d’apprentissage.
En considération de ce principe, où se situe ma cadette dans son jeu au piano?
À 16 ans, elle a atteint son objectif de jouer aussi bien que sa sœur ne l’a fait. Parallèlement, elle chante merveilleusement comme soprano. Le piano n’est pas son intérêt principal dans la vie, mais elle a persévéré et redoublé d’efforts pour atteindre précisément le but qu’elle s’était fixé.
Et plus important encore, elle a adopté un état d’esprit ouvert à l’effort pour tout ce qu’elle entreprend. Elle est tout aussi déterminée et a un sens de l’éthique du travail pour toutes ses études et activités, et est heureuse et enthousiaste lorsqu’elle fait face à des défis dans sa vie. Je n’aurais pu espérer mieux pour mes enfants.