Une école dont l’EPS porte sur les habiletés sans exclure personne
Beaucoup d’entre nous gardent de très mauvais souvenirs de la classe d’éducation physique (EPS) et du sport à l’école en général. Que vous ne vous sentiez pas à la hauteur, que vous ayez été éliminé des sélections ou que vous vous faisiez chahuter parce que vous étiez maladroit, il est facile de regarder en arrière et vous demander quelles valeurs vous étaient inculquées.
À Victoria, en C.-B, une école primaire a clairement prouvé l’importance du cours d’EPS et des sports. Sous la direction du professeur d’EPS Samantha Butler, à l’école primaire St Patrick les élèves jouent et s’amusent tout en assimilant de vraies habiletés motrices.
Actif pour la vie a récemment parlé à Samantha pour découvrir quelle était la clé pour un programme d’EPS de qualité amusant au sein de l’école.
Quel est votre titre officiel?
Je suis spécialiste en EPS, et mon titre officiel à l’école est Directrice athlétique. Je suis également la conseillère de l’école et j’enseigne un programme de leadership à nos élèves de 6e et 7e année.
Pouvez-vous me dire comment St Patrick conçoit le rôle de l’EPS et du sport?
Selon nous, l’EPS et l’activité physique sont les composantes clés du processus de toute l’éducation. Le sport et l’activité physique touchent tant de facettes — le spirituel, l’intellectuel, le personnel — tout ce qui fait de vous une personne. L’activité physique quotidienne aide les élèves à se concentrer en classe et sur leurs études et à être plus en santé et plus brillants. Nous pensons qu’il est impératif d’inclure l’activité physique au quotidien, nous mettons donc cela en avant dans notre école.
Comment structurez-vous le sport et l’EPS durant l’année scolaire?
À St-Patrick, chaque classe profite de deux cours d’EPS par semaine durant l’année ainsi que d’activités physiques quotidiennes ou APQ. Tout cela est inscrit dans l’emploi du temps. Chaque enseignant doit soumettre l’emploi du temps de sa classe à l’administration et les jours où il n’y a pas EPS, de l’APQ doit être programmée. En aucun cas, ce ne sera décidé au dernier moment, mais bel et bien spécifié dans l’emploi du temps.
De plus, le jeudi après-midi nous avons des entrainements lors desquels l’école offre aux plus grands quelques semaines de cours dans un sport en particulier ou de l’activité physique qui les intéresse. Par le passé, nos étudiants ont pu s’entrainer à la capoeira ou à l’escalade par exemple. De la même façon, les enfants au préscolaire bénéficient d’entrainements de gymnastique et les 1res, 2es et 3es années, de cours de natation, cela en plus de leur EPS ou APQ.
Imaginons que vous ayez une classe du primaire et que ce n’est pas un jour d’EPS, ou de natation. Quelle serait votre APQ?
Bon nombre de nos professeurs sont allés à Brain Gym, ils ont donc peut-être des enfants qui s’intéressent au yoga, ou bien ils pourraient travailler divers mouvements. Tous les enseignants ont participé au programme Action Schools BC et ils ont tous un équipement de base dans leur salle de classe, cela pourrait donc se traduire par n’importe quelle activité. J’avais l’habitude de proposer une idée d’APQ pour la semaine, mais à présent beaucoup de professeurs ont leur propre banque d’activités qu’ils aiment utiliser.
Nous avons aussi conçu un circuit d’entrainement facile sur notre terrain de jeux, afin que les professeurs puissent y emmener leur classe et se livrer à une variété d’exercices tels que des pompes ou des tractions. Tout dépend toujours du temps bien entendu, mais s’il pleut à torrents ce jour-là, quelque chose doit malgré tout être prévu.
Lorsque de l’APQ est programmée, combien de temps est dédié à l’activité ?
Au moins 30 minutes.
Parfois elle est structurée de manière à sortir et à faire une activité avec l’autre classe de la même année. L’un des professeurs de 4e année par exemple pourrait se charger des deux classes en utilisant de petits laps de temps de gymnastique non encore programmés en EPS pour faire de la danse avec tous les enfants.
Parfois nous laissons les enfants plus âgés choisir ce qu’ils feront en APQ ce jour-là. Nous leur proposons des idées et des suggestions, mais ce sont eux qui font le choix et mènent l’activité.
Chaque école en C.-B est supposée faire de même, mais bien souvent les enfants ne font qu’aller à l’extérieur ce qui ne leur donne qu’une récréation supplémentaire. L’enfant qui aurait été en train de lire un livre à l’intérieur, finit par faire la même chose, mais à l’extérieur.
Il semble que vous fassiez énormément confiance à vos enseignants en leur donnant différentes options et ressources.
À nos tous débuts, je dirigeais toutes les activités d’APQ de l’école. Nous avions par exemple l’habitude de « bondir au son de la cloche » les enseignants et les élèves sautaient alors dix fois en l’air à chaque fois que la cloche retentissait. Chaque semaine lors de l’assemblée de l’école du lundi, nous présentions un nouveau saut, un saut de star ou un saut groupé. À chaque fois que la cloche sonnait pendant la journée, tout le monde sans exception se levait et effectuait 10 sauts.
Depuis lors, notre APQ a évolué régulièrement jusqu’à ce que les professeurs utilisent leur propre banque d’activités durant l’année, et je suis disponible à titre de ressource s’ils sont à court d’idées.
Il y a tant d’excellentes ressources APQ. J’ignore combien d’établissements les utilisent, mais pour notre part, nous faisons de gros efforts ici.
En dehors de la classe d’EPS et d’APQ, quelles équipes sportives parascolaires et activités physiques l’école offre-t-elle ?
Nous débutons avec de la course à pied et du soccer à l’automne, puis du basket et de la natation, ensuite du volley après Noël et du badminton et des épreuves de course au printemps. Nous avons aussi un club de danse de jazz et un club de danse irlandaise. Au printemps dernier, nous nous sommes joint pour la première fois à un événement local appelé Bike Jam et 37 enfants complètement mordus y ont participé; nous espérons donc cette année avoir une équipe de cyclisme.
Quelle est la politique de l’école pour les sélections des équipes dans les différents sports ? Avez-vous des éliminatoires ?
Nous ne rejetons personne. Si 50 enfants viennent passer des tests de sélection pour le soccer, nous prévoyons 3 équipes.
L’année passée, nous avons terminé avec 4 équipes de volley parce qu’il y avait tellement d’enfants intéressés. Souvent, nous avons tout juste assez d’enfants pour constituer une équipe avec les 6e et 7e années, mais nous avons fini par composer une équipe de 6e année et une autre avec les 7e années.
Pour être honnête, si nous n’avions sélectionné que les meilleurs des deux équipes pour n’en faire qu’une seule, nous aurions eu une équipe invaincue. Mais nous devons penser aux enfants. Les 6e années voulaient rester ensemble, même chose pour les 7e années. Ils se fichaient bien de ne pas tous être de force égale.
Nous avons malgré tout eu deux équipes très fortes. L’équipe de 7e année a joué dans la ligue compétitive et les 6e années dans la ligue récréative parce que la plupart d’entre eux débutaient tout juste dans ce sport et que cela leur convenait mieux. Tout dépend des années et des enfants, mais nous ne laissons personne de côté.
En plus des classes d’EPS, d’APQ et des équipes de l’école, il y a aussi du sport intra-muros pendant la pause du dîner. Conciliez-vous ces 3 activités d’une quelconque façon?
Nous faisons correspondre nos modules scolaires d’EPS avec les équipes sportives parascolaires et nos ligues intra-muros.
Ainsi, à l’automne, dès lors que nous avons mis nos équipes de soccer parascolaires de 6e et 7e année en place, nous attaquons le soccer en EPS et organisons une ligue de soccer intra-muros pendant l’heure du dîner pour les 4e à la 7e année. Les enfants ont donc du soccer d’intérieur pendant le dîner, du soccer en extérieur après les cours s’ils sont en 6e ou 7e année et une combinaison de soccer d’intérieur et d’extérieur pendant le cours d’EPS. Ils acquièrent donc une très bonne connaissance de ce sport.
Le programme intra-mural ne porte pas sur une équipe gagnante, mais sur la participation de tout un chacun dans une activité, surtout si leur emploi du temps ne leur permet pas de jouer pour l’équipe de l’école après les cours. S’ils ont d’autres engagements après 15 heures, ils peuvent toujours choisir de jouer dans la ligue intra-muros pendant l’heure du dîner.
De par ces jeux intra-muros, nos étudiants de 4e et 5e année, peuvent se rendre compte s’ils aiment un sport en particulier, et ils savent alors en 6e année s’ils veulent ou non faire partie de l’équipe de l’école.
Nous procédons ainsi avec notre saison de soccer, de basket, de volley, de badminton, et d’athlétisme. Au printemps, nous organisons du hockey en salle pour les 3e années.
Quels commentaires avez-vous reçus de la part des parents sur le programme d’EPS de St Patrick et sur le rôle qu’il joue dans la vie de l’école ?
Nous recevons des commentaires très positifs. Nous effectuons en fait chaque année un sondage qui s’adresse aux parents et aux étudiants et le programme d’EPS obtient toujours de bons scores. Je pense qu’ils sont contents parce que le ratio de participants est colossal.
Si l’on considère l’équipe piste de notre école, vous avez une participation aux alentours de 90% de la 3e à la 7e année. C’est énorme. L’une de nos deux classes de 6e année a comptabilisé un taux de participation de 100% l’année passée. Dans la plupart d’entre elles, il n’y a que 2 ou 3 enfants sur 24 qui ne participent pas.
Peu importe si vous n’êtes pas le plus rapide ou le meilleur sauteur — il y a forcément quelque chose à quoi vous excellez— que ce soit au lancer du poids, au sprint, au saut en hauteur, aux haies ou sur la distance. Nous offrons une formation générale dans toutes les disciplines avec tous les enfants, puis nous déterminons la discipline dans laquelle ils vont le plus s’épanouir.
Il est assez étonnant de voir des enfants qui ne se trouvent pas assez athlétiques découvrir qu’ils sont bons à quelque chose et cela les rend heureux. Et les parents sont contents parce que personne n’est laissé pour compte.
Les enfants finissent par développer un très haut niveau de compétences. Nous n’avons que 350 étudiants, nous ne disposons donc que d’un très petit bassin d’enfants, et malgré tout, nos équipes réussissent très bien. Au volley, par exemple l’équipe masculine s’est placée au 4e rang l’année dernière et les filles ont remporté le championnat de la ville l’année d’avant.
L’école n’a pas sélectionné les élèves sur la base de prouesses athlétiques, que voyez-vous donc comme étant la clé du développement pour ces compétences ?
Nous commençons tôt en leur enseignant les bases. Au cours de badminton durant l’EPS, ils apprennent à tenir leur raquette de la bonne façon et apprennent toutes les compétences fondamentales liées à ce sport. Au volley, ils apprennent la passe de l’avant-bras et à volleyer. Ils apprennent ces compétences. Nous ne nous contentons pas seulement d’envoyer un tas de ballons sur le terrain en disant, « OK, c’est parti. »
Nous dédions toujours du temps libre à l’échauffement, mais le reste du temps , nous sommes extrêmement structurés et très spécifiques sur les compétences dès le départ. Nous leur apprenons aussi comment sautiller, galoper et sauter dès le plus jeune âge, ils acquièrent donc les bases qui conviennent à une multitude de sports.
À St Patrick la dernière classe est la 7e année et les enfants s’en vont alors vers différentes écoles. Avez-vous de leurs nouvelles par la suite, à savoir comment ils se débrouillent en sport ?
En général, ils continuent à participer et rencontrent de vifs succès quelle que soit la discipline. C’est d’ailleurs notre message clé, lorsqu’ils nous quittent à la fin de la 7e année — continuez dans les disciplines que vous aimez, appréciez-les et voyez où elles vous mènent.