Mythes et réalités sur la littératie physique
En discutant avec les parents, je constate que bon nombre d’entre eux ont des idées fausses sur la littératie physique : mauvaise compréhension des habiletés motrices de base ou du développement physique de l’enfant, confusion entre sport et activité physique, méprises quant aux dispositions ou envies de leur progéniture. Quatre clichés notamment ont la vie dure : il est temps de les démystifier!
1. Mon enfant n’a rien d’un athlète
C’est probablement l’idée reçue la plus répandue. Si à 5 ans, un enfant a déjà essayé un ou deux sports d’équipe et n’a marqué aucuns points, ses parents croient que la partie est jouée : il ne sera jamais doué et n’intégrera certainement pas une ligue majeure dans les 20 ans à venir.
Même s’il est vrai que 99 % des enfants ne deviendront jamais des athlètes professionnels, il est faux de penser que 99 % des enfants ne sont pas des sportifs. Sans compter qu’il est plutôt difficile de juger des habiletés de quelqu’un à un si jeune âge et après seulement quelques matchs de hockey ou de soccer.
L’être humain est fait pour bouger et, sauf blessure ou maladie empêchant cette mobilité, votre enfant l’est aussi. Il a les capacités pour courir, grimper, sauter, attraper, lancer…, vous pouvez en être sûr. À vous de l’aider à les développer. C’est ce qu’on appelle la littératie physique : un savoir-bouger, une agilité et une confiance en soi qui s’acquièrent progressivement avec l’âge.
Votre rôle consiste simplement à lui offrir la possibilité de jouer en toute liberté et de pratiquer plusieurs activités physiques pour qu’il découvre celle (ou celles) qui lui plaît le plus. Il n’y a pas que le hockey ou le soccer dans la vie, n’est-ce pas? Il y a aussi la danse, la gymnastique, les arts martiaux, le vélo, la natation… Faites preuve d’imagination! Et surtout, laissez-lui le temps d’apprivoiser son sport, son terrain, son équipe. Devenir grand, ça s’apprend.
2. C’est trop tard pour mon enfant
Existerait-il une date d’expiration pour l’apprentissage? Beaucoup de parents semblent le penser, et 8 ans serait l’âge fatidique. Une idée malheureusement véhiculée par de nombreux entraîneurs eux-mêmes : « Désolé, madame, mais si Emma n’a jamais joué au tennis, ça m’étonnerait fort qu’elle arrive à égaler Serena Williams un jour. »
Encore une fois, il y a 99 % de chance que votre enfant ne mette pas un seul pied sur le gazon de Wimbledon, alors à quoi bon une telle déclaration. Surtout quand on sait que cette dernière est totalement erronée et mensongère.
Car, en réalité, votre enfant peut apprendre à jouer au tennis à l’âge de 8 ans. Et même à 18, à 28 ou à 38 ans. Il peut même apprendre à aimer ce jeu et y jouer pour le reste de sa vie s’il le souhaite. Il ne remportera probablement pas Wimbledon, mais est-ce si important?
Il est infiniment plus important qu’il développe sa littératie physique à travers la pratique d’un éventail d’activités et de sports tout en s’amusant. Et bien que le monde appartienne à ceux qui commencent tôt, il n’est jamais trop tard pour apprendre. L’essentiel étant de bouger et de se faire plaisir.
3. Mon enfant n’aime pas le sport
Premièrement, la littéracie physique n’est pas « du sport ». C’est le développement conjoint d’habiletés motrices, d’agilité et de confiance en soi. Deuxièmement, vous n’en savez rien. Votre enfant de 8 ans ne le sait pas lui-même, alors comment le pourriez-vous?
Quand un parent me dit que son enfant n’aime pas le sport, je commence par lui demander quelle activité physique il pratique. S’il me répond que Gabriel a joué au soccer, au basket et au tennis pendant une semaine au camp d’été et qu’il n’a rien aimé du tout, je lui demande alors si Gabriel a essayé la natation, le patinage, le judo, la voile, la randonnée, l’escalade, le ski, le roller, la danse classique, le hip-hop, le badminton et alouette!
S’ensuit souvent un silence, ponctué par un « Mais Gabriel aime dessiner et jouer de la trompette. »
Il se trouve que moi aussi, j’aime dessiner. En fait, je dessine depuis mon enfance et j’ai remporté des prix tout au long de ma scolarité. Je joue aussi du piano et de la guitare. Et je fais du vélo, du yoga et des randos. J’aime danser et jouer au soccer, au golf et au basket. Toutes ces activités me rendent heureux depuis des années et me maintiennent en forme. Sans compter qu’elles m’ont permis de rencontrer un tas de gens d’horizons différents et de me faire des amis.
Survient alors le moment du coup de poing en pleine face, signé le parent agacé. Non, je plaisante, cela n’est jamais arrivé mais je suis sûr que plus d’un en a eu envie.
4. Mon enfant n’aime pas la compétition
Encore une idée fausse? Peut-être – voir plus haut la problématique de ce que l’on croit savoir mais que l’on ignore en réalité – toutefois, c’est une possibilité à envisager. Il est vrai que certains enfants n’aiment pas la compétition, sous toutes ses formes, et on ne les changera pas.
Le problème de cette phrase est qu’elle sous-entend que toute activité physique est compétitive et donc qu’Emma ou Gabriel n’a pas d’autre choix que de végéter sur son canapé ces 70 prochaines années. Pour le coup, ceci est totalement faux.
Au risque de me répéter, l’activité physique – et, par extension, la littératie physique – n’a pas à tourner qu’autour du hockey, du soccer, du basket et du tennis. La danse existe. La course d’orientation existe. L’escalade existe. Des centaines d’activités physiques existent.
Alors, tenez bon pour le bien de votre enfant! Vous finirez par trouver ensemble une activité physique qu’il aimera et dans laquelle il s’épanouira. Il n’y a pas d’urgence : multipliez les découvertes, l’une d’entre elles lui permettra en temps et en heure de mener une vie saine et active.