
Multisports : passons de la parole aux actes
Récemment, une campagne mettant à contribution certains des organismes sportifs les plus influents du Canada a exposé les faits scientifiques qui appuient l’approche multisports chez les jeunes. Le message était clair :
Les enfants qui se spécialisent trop tôt ratent leur chance de développer certaines habiletés importantes, et souvent, ils se blessent, s’épuisent ou abandonnent leur sport. Les athlètes d’élite et les experts s’entendent : LES ENFANTS DEVRAIENT PRATIQUER LE PLUS DE SPORTS POSSIBLE.
Pourtant, beaucoup de gens se demandent encore si ce sont les clubs sportifs ou les parents qui sont à l’origine du problème. Les clubs poussent-ils les enfants à se spécialiser trop tôt? Les parents sont-ils trop déterminés à faire de leur enfant un athlète de calibre mondial?
Il est peut-être temps d’arrêter de chercher le coupable. Les enfants abandonnent les programmes de sport et d’activité physique : peut-être devrions-nous nous concentrer sur la recherche de solutions. Toutes les personnes concernées – y compris les parents, les organismes de sport mineur et les instances dirigeantes – ont intérêt à se concerter pour permettre aux jeunes de pratiquer plus d’un sport ou d’une activité pendant l’année.
Pour faire de l’approche multisports la nouvelle norme, il faut passer de la parole aux actes. Voici des mesures concrètes qui peuvent être prises à tous les échelons du système sportif.
1. Mise en place de programmes multisports pour les enfants de 8 ans et moins
Pour changer le système sportif, toutes les personnes concernées doivent faire front commun. À un moment donné, les enfants qui veulent atteindre le niveau élite dans leur sport doivent se spécialiser. Et ce moment, c’est la puberté. Sachant cela, tout le monde devrait viser à augmenter le nombre de programmes multisports offerts aux enfants de 8 ans et moins.
2. Parents
Comme parent, vous pouvez poser bien des gestes concrets qui aideront le système à servir les intérêts des enfants. D’abord, informez-vous en lisant des articles ou en regardant des vidéos. Vous serez ainsi en mesure d’expliquer aux autres parents et intervenants, comme les entraîneurs de votre enfant, les avantages de la pratique de plusieurs sports.
Quand vous aurez confiance en vos connaissances, demandez aux entraîneurs, au directeur du club ou à l’organisme de sport mineur de votre enfant de vous expliquer en quoi ils aident les jeunes (surtout en bas âge) à développer leur littératie physique.
Enfin, vous pouvez vous servir de ressources comme celle-ci pour faire connaître les avantages de l’approche multisports. Vous serez surpris : la majorité des parents devraient être d’accord avec vous.
3. Organismes de sport mineur
Convenons d’abord d’une chose : le véritable ennemi, c’est la sédentarité et les jeux vidéo, pas les autres sports et activités. Si vous débauchez les enfants d’un autre sport ou si vous prévoyez des activités qui les forcent à se spécialiser trop tôt, vous réussirez seulement à leur faire perdre le goût de votre sport.
Ensuite, parlez-vous. Il est temps que les associations de sport communautaire se réunissent pour trouver des façons de faciliter la pratique de plusieurs sports. Par exemple, vous pourriez harmoniser les horaires et travailler ensemble à sensibiliser les entraîneurs et les parents à l’importance de l’approche multisports. Les parents qui veulent faire bouger leurs enfants vous en remercieront.
Encore mieux, concertez-vous pour offrir des programmes multisports comme celui-ci, pour les enfants de 6 à 8 ans. Vous vous rendrez rapidement compte que plus d’enfants s’initieront à votre sport. En plus, les parents – le client qui paie pour vos programmes – vous remercieront chaleureusement d’avoir levé les obstacles logistiques à la pratique de diverses activités.
4. Organismes provinciaux et nationaux de sport
Les organismes provinciaux de sport (OPS) peuvent prendre publiquement et audacieusement position en menant une campagne aussi créative et divertissante que celle de Sport Nova Scotia.
Vous pouvez également rencontrer les présidents et les directeurs de la formation des entraîneurs de vos associations membres pour leur demander de déclarer leur appui à l’approche multisports. Vous pourrez ensuite discuter de stratégies de promotion, notamment l’ouverture d’un dialogue avec les associations d’autres sports communautaires, l’éducation des entraîneurs, et dans la mesure du possible, l’harmonisation des horaires.
Les organismes nationaux de sport (ONS) peuvent collaborer entre eux, comme Baseball Canada, Canada Basketball, Canada Soccer et Hockey Canada l’ont fait. Le collectif a produit une déclaration très publique (et mobilisatrice) en appui à l’approche multisports chez les jeunes.
Les ONS peuvent eux aussi rencontrer les présidents et les directeurs de la formation des entraîneurs de leurs OPS pour leur demander de prendre position, et pour trouver des stratégies de promotion auprès de leurs associations membres.
Des programmes communautaires à l’élite, TOUS les enfants gagnent à pratiquer plusieurs sports
Dans un article publié dans The Globe and Mail, le Dr Dwight Chapin explique en quoi l’approche multisports est meilleure pour tous les enfants : « Selon les recherches, les enfants qui pratiquent plusieurs sports ont moins de blessures, et ils jouent plus longtemps et à un plus haut niveau que les enfants qui se sont spécialisés avant la puberté. »
Vous voulez développer des athlètes de calibre mondial? La recette est simple : encouragez-les à pratiquer divers sports dans leur enfance, laissez-les choisir celui qu’ils adorent, et aidez-les à se spécialiser en temps opportun.
En plus, les enfants qui ne se dirigeront pas vers le sport d’élite devraient quand même avoir vécu une expérience sportive plus positive, et rester actifs pour la vie parce qu’ils aiment bouger.
On dirait bien que tout le monde en ressort gagnant.