Merci maman et papa
Chers parents,
À 25 ans, je commence à peine à me sentir à l’aise en tant qu’adulte. J’ai un emploi, des comptes à payer, une auto à entretenir, et plus personne ne prend mes rendez-vous chez le dentiste à ma place. La grasse matinée a perdu de ses charmes et j’ai l’impression d’entendre papa claironner « la journée est à moitié finie » même s’il n’est que 8 heures.
Bien que j’envisage l’avenir avec enthousiasme, je me rappelle parfois avec nostalgie comme les choses étaient simples lorsque j’étais enfant. Vous vous souvenez de l’année de mes 9 ans? Je croyais que ma vie avait atteint son apogée. J’étais absolument persuadée que c’était l’âge parfait. Et, comme j’ai dû vous en convaincre, ce n’était pas uniquement parce que le 9 était mon chiffre préféré.
Avec le recul, j’ai compris pourquoi cette époque me paraissait tellement magique : nous faisions du vélo, nous patinions sur l’étang gelé et nous jouions au soccer. De plus, j’étais la seule enfant du quartier qui avait la permission de courir en rond dans notre croissant de rue jusqu’à la tombée de la nuit.
Vous ne m’avez jamais empêchée de relever un défi, m’encourageant sans cesse à essayer de nouvelles activités, même si je n’y excellais pas (le hockey, ça vous dit quelque chose? Je crois avoir enfin compris pourquoi je me retrouvais immanquablement devant les buts…).
Quelle chance j’ai eue d’avoir des parents actifs, toujours partants pour jouer au mini-hockey après le souper. Je ne vous l’ai probablement jamais dit, mais vous étiez mes idoles. Je me vantais auprès de mes amis d’avoir une mère qui participait encore à des compétitions de volleyball et un père qui jouait à la crosse. Vous m’avez appris qu’on pouvait continuer à faire du sport même si on ne faisait plus partie d’une équipe scolaire et que l’activité physique était un mode de vie, votre mode de vie. Je vous remercie pour ce cadeau inestimable.
Je garde précieusement en mémoire les moments passés à m’amuser dehors avec vous, même si, pour moi, tout était prétexte à la compétition. C’était à qui formerait le plus gros tas de feuilles, ferait le tour du pâté de maisons le plus rapidement, botterait le ballon de soccer le plus fort (désolée pour la clôture, papa). Vous regardiez sans broncher les innombrables reprises de mes chorégraphies de danse dans l’arrière-cour, et jugiez sans vous lasser mes performances au plongeon. La vie était un vaste terrain de jeu, pour mon plus grand plaisir!
Maintenant que je suis devenue entraîneuse, je commence à mesurer pleinement l’importance d’apprendre aux enfants à bouger, comme vous me l’avez enseigné. Même si ma carrière d’étudiante-athlète est terminée, je suis toujours prête à me joindre à une nouvelle équipe ou à prendre part à un jeu, parce que vous m’avez fourni les outils nécessaires pour que je sois active pour la vie.
Merci de m’avoir transmis votre envie de bouger.
Merci d’avoir pris le temps de jouer avec moi.
Merci d’avoir été mes plus grands admirateurs.
Merci de m’avoir appris à aimer mon corps et à en apprécier les possibilités.
Merci de m’avoir donné confiance en moi.
Merci d’avoir contribué à faire de moi l’adulte active que je suis aujourd’hui.
Je vous aime,
Jaime