La championne de patinage artistique Shae-Lynn Bourne n’est pas pressée d’emmener son bambin à la patinoire
Lorsque les Jeux olympiques d’hiver de 2014 débuteront, Shae-Lynn Bourne sera rivée devant son poste de télévision, à regarder autant d’épreuves que possible.
« C’est plus dramatique à la télé que dans la vraie vie, » insiste-t-elle.
Elle sait de quoi elle parle. L’une des athlètes les plus célèbres du Canada, Bourne — avec son ancien partenaire de patinage artistique Victor Kraatz — ont été 10 fois champions canadiens de danse sur glace et Olympiens à trois reprises. Étant la première équipe nord-américaine à avoir gagné les championnats du monde de patinage artistique, ils détiennent en tout six médailles de la compétition internationale annuelle.
Bourne a aussi participé à trois saisons de la populaire émission de télé-réalité Battle of the Blades.
Et ce n’est pas fini, au cas où cette liste ne serait pas assez longue. Il a été décerné à Bourne la médaille du service méritoire pour s’être exprimée sur des pratiques déloyales de la part des juges du patinage artistique et elle a aussi reçu la médaille du jubilé de diamant de la reine Élizabeth II pour ses réussites et contribution au Canada.
Impressionnant, d’autant plus qu’elle n’a que 38 ans.
Elle est à présent entraîneur et chorégraphe, conjuguant une vie effrénée avec celle d’être une maman d’un bambin de 19 mois.
« Nous sommes tous deux des travailleurs autonomes, nous n’avons donc pas de gardienne, » dit-elle. « Nous sommes des parents à part entière, et nous nous relayons afin de pouvoir accomplir nos tâches dans la journée. »
Ainsi, nous profitons pleinement de notre enfant aussi. Comme beaucoup d’autres enfants, son fils adore la musique, la danse, les voitures miniatures et les livres. Et il prête attention à tout ce que font ses parents.
« Je suis constamment en train de m’étirer et de danser à la maison, il m’observe et prête une attention à tout, » déclare-t-elle. C’est vraiment drôle comme il apprend de tout ce que nous faisons. »
Ce qui ne serait pas surprenant, outre mesure du fait de la carrière de sa maman, c’est que son fils ait déjà une paire de patins de hockey que Bourne lui laisse porter dans la maison « afin qu’il puisse acquérir son équilibre sur les lames. Je le tiens pendant qu’il marche, » dit-elle.
Mais elle dit qu’elle ne sera pas comme ces parents qui insistent pour que leur enfant commence à patiner dès le plus jeune âge. « Je sais que beaucoup d’enfants commencent lorsqu’ils ont deux ou trois ans, mais je ne m’imagine pas le mettre sur la glace avant qu’il ne soit un peu plus coordonné et un peu plus développé, » déclare-t-elle. »Je ne pense pas qu’il y ait lieu de se précipiter. »
Née à Chatham en Ontario, elle avait 7 ans lorsqu’elle s’est mise au patinage artistique, suivant les traces de son frère aîné. « J’ai juste fait la même chose que mon frère, » dit-elle en riant. « Mon frère est tellement un bon patineur. Je me souviens combien il me stupéfiait et je pensais qu’il deviendrait champion du monde. »
Bourne, à part cela, est réservée lorsqu’elle parle de son propre succès.
« J’étais une bonne travailleuse. J’étais très disciplinée lorsque j’étais petite, et j’écoutais. J’essayais très fort de faire ce que l’on me demandait, » dit-elle. « Je voulais travailler fort, et finalement ça s’est transformé en un autre sentiment, une liberté. »
Et une éducation aussi. Le patinage a véritablement été mon univers en un sens, » dit-elle. J’ai tellement appris de ce sport. »
L’importance de me nourrir sainement et de rester en forme par exemple. Elle se souvient d’une époque pendant laquelle elle avait beaucoup de compétitions — et elle était souvent malade aussi.
« Je me suis rendu compte combien il est important de nous préoccuper de notre corps et de ce que nous donnons à notre organisme, » dit-elle. « Certaines personnes prennent plus soin de leur voiture que de leur corps, mais rien n’est plus important que votre propre véhicule. »
Elle rit de la comparaison tout en continuant à dire combien le sport lui a appris sur elle-même et le monde.
« Cela ouvre votre esprit à différentes cultures et à différentes façons de vivre, » déclare-t-elle.
« Je ne serais pas comme je suis sans cette expérience. »
Images de Shae-Lynn Bourne © Bohdan Turok