Comment j’ai surmonté mes peurs et rechaussé les patins à 41 ans
Je trouvais que, comme mère, je me débrouillais assez bien dans mon rôle de modèle. J’accompagne ma fille à l’école à pied tous les jours, je l’amène au parc quand il fait beau, je ris et je danse avec elle dans la maison, et l’été on va nager à la piscine du quartier. On est actives, on est heureuses, donc je dois être en train d’en faire assez, me disais-je.
Jusqu’à ce qu’on aille à la patinoire il y a quelques semaines. Me voilà sur le bord de la glace, regardant ma fille patiner avec mon mari pendant que les autres mères s’amusaient avec leurs enfants. Ça semblait si facile. Pourquoi suis-je ici, pensais-je avec regret, et non avec eux sur la glace?
Je me suis mise à rationaliser. Tu en fais déjà tellement pour elle… Pourquoi ne pas laisser le patin être une activité qu’elle fait avec son père? Mais ça continuait de me démanger.
Ce n’était pas la première fois que je laissais ma peur de l’embarras m’empêcher de faire du sport avec ma fille, et elle a commencé à le remarquer. Pire que d’insister, elle l’avait tout simplement accepté. « C’est correct, maman, disait-elle innocemment lorsqu’il était question d’apprendre à faire du vélo, jouer au soccer, lancer ou même d’une activité aussi simple que le tetherball. Papa est juste meilleur dans ces choses-là. »
Je regardais ma fille, souriant et la saluant à son passage. Ça lui avait pris du temps pour prendre confiance. Il y a eu beaucoup de chutes, de sanglots et de moments de découragement, mais elle était rendue à l’aise et tellement fière, et je savais que c’était le temps de surmonter mes peurs et de m’y mettre.
En plus d’être craintive, je me souvenais très clairement de ne pas avoir aimé le patin quand j’étais jeune ou, devrais-je plutôt dire, de ne pas avoir aimé l’humiliation que je ressentais à chacune des nombreuses fois où je suis tombée.
Mais la soirée patin de notre école s’en venait, et ça m’a donné un objectif : j’allais y participer, pas seulement pour ma fille, mais aussi pour moi-même.
Avant de me donner la chance de changer d’idée, je l’ai proposé comme idée pour un article. Un écrivain fera à peu près n’importe quoi pour être publié, et une fois qu’on a approuvé mon pitch, je me suis lancée : j’ai embauché un instructeur privé, j’ai acheté l’équipement (dont un casque avec grille) et je me suis préparée pour ma première leçon.
Nerveuse, incertaine et chancelante, j’ai fait mes premiers pas sur la glace. Et il s’est produit quelque chose de curieux : l’univers ne s’est pas écroulé. À la fin de la séance, j’avais fait plus que marcher sur la glace et je rayonnais.
Quand j’ai réussi à me lever après une chute sans tenir la main d’Alla, mon instructrice, j’avais le sourire jusqu’aux oreilles. « J’ai réussi, j’ai réussi », répétai-je. Le sourire m’est resté collé aux lèvres jusqu’au soir et j’avais hâte d’embarquer sur la glace pour ma prochaine leçon.
Après quatre leçons, c’était déjà l’heure de la soirée patin à l’école de ma fille. C’est arrivé plus rapidement que je l’avais réalisé, mais ma fille était fière et excitée, racontant à tout le monde que maman avait appris à patiner, donc pas question de faire marche arrière.
Si on était dans un film, la mère patinerait comme une championne, épatant la galerie avec ses figures et ses pirouettes.
Dans la vraie vie, c’était un peu moins glorieux, un peu moins rapide et non sans quelques arrêts pour reprendre le contrôle. Mais j’étais sur la glace, avec mon mari et ma fille, et c’était savoureux.
Deux jours plus tard, le sentiment de triomphe à peine estompé, j’ai entendu ma fille dire à une amie : « J’ai peur d’apprendre à skier, mais si ma mère peut apprendre à patiner, je peux au moins essayer. »
Ces mots valent plus que n’importe quelle figure de patin — Et quand j’aurai maîtrisé le patin, qui sait quelle sera la prochaine corde à mon arc… En tout cas si vous me voyez un jour juchée sur un mur d’escalade, vous saurez où tout cela a commencé.